Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/107

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les vallées étroites du pays recelaient tout un monde invisible que l’ennemi rencontrait de nouveau, prêt à combattre, alors même qu’il croyait en avoir fini avec cette race de paysans. Au bout de quelques semaines, les conquérants, décimés par les maladies et affamés dans un pays complètement dévasté par ses propres défenseurs, se trouvaient en pleine retraite. Le Sultan n’avait pas mis la main sur ces ports qui avaient été le grand et vrai but de l’expédition ; il n’avait même pas la consolation de laisser, comme en Valachie, quatorze ans auparavant, un prince vassal soumis à ses ordres. Car le nouveau Voévode se trouvait dans les rangs de l’armée turque désorganisée ; quant à Etienne, un émissaire vénitien le vit bientôt « chevaucher à travers sa principauté », salué d’acclamations enthousiastes par ceux dont il avait été le défenseur infatigable. Avant l’hiver, Vlad Tepes, soutenu par des troupes de Transylvanie, regagnait sa province valaque, mais seulement pour succomber, quelques semaines plus tard, dans une embuscade obscure de ses ennemis.

Il s’agissait maintenant d’assurer la frontière valaque, la ligne du Danube. Le pays voisin offrait un vrai chaos. Etienne et ses alliés hongrois réussirent en effet à écarter l’incommode voisin qui était le vieux Basarab et à lui substituer Basarab-le-Jeune ; mais le premier gardait encore des adhérents qui firent traîner une désastreuse guerre civile. Dès que l’ancien client du prince moldave eut définitivement pris le dessus, il passa tranquillement à l’ennemi. Alors, les Turcs, s’appuyant sur ce concours valaque, envahirent la Transylvanie ; ils furent battus par le Voévode magyar de cette province, Etienne Bathory, sur le « Champ du pain », à Kenyermezö. Un second coup atteignit la Moldavie ; la rive droite du Séreth fut de nouveau dévastée jusque dans les environs de Bacau.

La mort de Mohammed II parut cependant amener