Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

beaucoup plus nombreux que les Serbes en Hongrie ».

Ces Roumains désiraient d’autant plus la domination de leur frère moldave qu’ils étaient la principale victime d’un système d’oppression sociale qui ne faisait que s’appesantir et qui devint intolérable au milieu des combats entre les partisans de la Maison d’Autriche et les défenseurs enthousiastes de la Couronne magyare du Voévode Zapolya. Avant l’apparition de Jean Hunyady, comme chef de la croisade danubienne et comme vrai maître de la Hongrie, la grande révolte de 1437 avait réuni contre les seigneurs et les bourgeois étrangers des villes les serfs « valaques » et ceux des Magyars qui en étaient arrivés à partager leur sort. Dans ce pays de privilèges, où chaque « nation » cherchait à obtenir une charte constitutionnelle, ils s’étaient constitués en corps politique, en « Université » de paysans, et réclamaient un adoucissement de leur sort. Il en résulta une lutte acharnée, qui finit par « briser la témérité de la plèbe », condamnée ensuite à payer les frais du sanglant conflit. Les anciens membres légaux de la communauté transylvaine se confédérèrent alors, par l’ « Union des trois nations », contre ceux qui avaient menacé un moment leur situation supérieure. Mais déjà sous le roi à demi-valaque que fut Matthias, on faisait une distinction essentielle entre les serfs qui étaient de « sang magyar » et les autres. Le nouveau code « moderne » de la Hongrie élaboré après la journée de Mohacs par le chancelier Verboczy, devait être pour les aborigènes valaques ce que le doomsday book des Normands avait été pour les aborigènes anglo-saxons de la Grande-Bretagne.

Il y avait eu une noblesse valaque dans la Transylvanie proprement dite aussi bien que dans le Marmoros et lé Banat. A cette noblesse appartenait le