Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/120

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téméraire Etienne Mailat (Majlath), qui réussit à devenir le Voévode presqu’indépendant de la province et qu’une intervention de Rares, son rival pour la possession de la Transylvanie, fit entrer dans les prisons de Constantinople, où l’attendait la mort. Elle avait continué à servir tous les chefs militaires de ces régions. Les descendants des knèzes et des Voévodes n’avaient guère oublié leur langue, qui dominait encore, sous le régime des Bans, vers 1550, dans les pays de Lugoj (Lugas) et de Caransebes (Karansebes), sur les frontières de la principauté des Basarab, qui porte dans des rapports italiens le nom de « Valachie Citérieure ». Le district de Hunyad (Inidioara) était encore rempli de ces chevaliers valaques. Mais une autre religion, une autre vie sociale, une autre tendance politique, avaient déjà gagné leurs âmes, qui en furent lentement transformées. Leurs congénères, après avoir participé en masse à toutes les jacqueries des premières années du XVIe siècle, comme celle du « Tzar Ivan » proclamée par les Serbes, ne pouvaient plus même se révolter, sous la surveillance continuelle de leurs maîtres ; ils n’eurent donc d’autre espoir et d’autre appui que dans ces princes de leur race dont ils voyaient si souvent passer les armées à travers leurs villages asservis.

Nous ne suivrons pas, dans ce bref résumé, les détails de cette politique « perfide » qui parut assurer un moment au prince moldave, habile à employer toutes les vicissitudes politiques de la Transylvanie, la possession réelle de la province entière. Zapolya, qui s’appuyait du reste aussi sur <la noblesse valaque du pays, réveilla l’ambition de Rares, en lui offrant dès le début de son règne la ville de Bistritz, que les Moldaves convoitaient depuis longtemps et sur laquelle des revenus avaient été assignés aux Voévodes antérieurs par le roi Louis IL Dès 1529, les Moldaves