Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/146

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quart du XVe siècle, le personnage le plus respecté parmi tous les chrétiens sujets du Sultan ; les Patriarches œcuméniques changeaient à son gré, et sans sa volonté on ne pouvait arriver aux trônes danubiens, ni s’y maintenir ; ses lettres, scellées de l’aigle bicéphale de Byzance, étaient le meilleur sauf-conduit pour tous ceux qui avaient quelque faveur à demander ou quelque châtiment à éviter. Toute une société remuante de Grecs s’agitait autour de lui, et certains parmi eux venaient faire sous sa protection des affaires brillantes dans la Valachie, dans la Moldavie, sorte de Terre Promise déjà vantée depuis des siècles. La fille de Rares, Chiajna, mariée à Mircea-le-Pâtre, et son fils, le prince Pierre, étaient à la disposition de cette engeance chrétienne du nouveau Stamboul, qui intriguait, dénonçait, briguait pour accroître sa richesse et son importance. Alors que les Grecs venus sur le Danube à l’époque de la conquête turque avaient été des prélats, des dignitaires byzantins, des membres de l’aristocratie et même des militaires, leurs successeurs furent des marchands de toute espèce, des prêteurs d’argent, des agents d’affaires et des instruments habiles, prêts à toute entreprise rémunératrice, fût-elle criminelle.

Nous ne parlerons que plus tard, en relation avec une autre influence, des Grecs qui, venant des colonies italiennes du Levant, apportaient avec l’intelligence et l’activité de leur race, une âme plus honnête et des tendances de civilisation plus capables de développement.

Influences occidentales. — Dès le commencement de leur vie politique, les Roumains avaient rencontré ces représentants de la civilisation occidentale qui furent, non pas les Magyars, annexés bientôt au monde germanique en ce qui concerne les coutumes, les institutions,