Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/147

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l’art aussi, mais les colons de race germanique dans les Carpathes, les Saxons de Transylvanie et les bourgeois allemands de la Galicie. Les premiers furent l’élément le plus actif dans une province jadis purement roumaine, en dehors d’un petit nombre de villages hongrois soumis aux châtelains royaux, de l’évêque de Fehérvâr et des quelques seigneurs qui s’étaient fixés dans le « Pays au-delà des forêts ». Puis, lorsque les Chevaliers Teutoniques eurent passé la montagne, ils fondèrent en Valachie, — comme on l’a vu, — Câmpulung et donnèrent une population d’artisans et de marchands à Tàrgoviste, alors que dans la future Moldavie, Baia était leur principal établissement. Quant aux Galiciens, la Moldavie était leur domaine : Suceava, Séreth leur appartenaient presque exclusivement à l’époque la plus ancienne ; mais des marchands allemands se retrouvaient aussi à Jassy, à Roman et dans d’autres villes commerçantes du pays. L’existence de cette population catholique contribua à l’établissement des premiers évêchés latins, à Arges, à Séreth et à Baia, alors que l’évêché moldave de Ba-cau, de fondation plus récente, était destiné plutôt à surveiller, au point de vue spirituel, la population rurale composée d’anciens colons hongrois et de réfugiés sjekler qui, autour des mines de sel, ne fit que déchoir, sans exercer aucune influence sur les paysans roumains qui l’entouraient.

Ces étrangers, auxquels se mêlaient sans cesse les nombreux marchands de passage, n’eurent jamais des attaches avec le pays ; parasites sans aucun but politique, ils empêchèrent la création, chez les Roumains, d’une bourgeoisie nationale, capable d’accomplir, au milieu des paysans et sous la protection des boïars, réduits souvent à vendre eux-mêmes les produits de leur terre, sous l’égide du prince enfin qui ne dédaignait nullement les affaires, un peu de cette œuvre