Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/150

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italienne, pénétra dans les Cours des princes danubiens, surtout par ces femmes habituées, dans un autre milieu, à une vie plus large.

Mais il y eut sur le Danube, vers 1550 et jusque tard dans le siècle suivant, toute une invasion de Grecs et de Levantins, tellement mêlés entre eux par la camaraderie de leurs entreprises et par les mariages, qu’il était souvent impossible de les distinguer. Ils venaient de Chio, île restée génoise dans son autonomie tributaire, de Rhodes, de Chypre, de Crète. On peut expliquer leur apparition subite par la perte de l’autonomie chiote, par la conquête turque de Chypre sur les Vénitiens, par la ruine économique de la Crète elle-même. Ils faisaient le commerce du vin de Malvoisie ; ils colportaient Tes articles orientaux entre la Turquie et la Pologne où ils avaient un grand établissement à Lemberg. Un des leurs, Constantin Corniacte, grand douanier moldave, contribua à la fondation de l’ « Église moldave » de cette ville, où il finit ses jours. Des femmes de Rhodes, où d’ailleurs Mihnea-le-Turc passa son exil, furent princesses de Moldavie, comme l’épouse de Jean-le-Saxon, une Paléologue, et celle de Pierre-le-Boiteux. Un Vévelli, que devaient massacrer les paysans dans une révolte contre l’exploitation étrangère, fut pendant des années le principal conseiller à Jassy.

L’influence polonaise ne saurait être niée ; les relations étaient trop étroites entre le royaume voisin et la Moldavie, dont les princes, depuis les successeurs de Rares, prêtèrent plusieurs fois un vain hommage au roi de Pologne, pour qu’il n’y eût pas un échange de coutumes, où la principauté était la débitrice. Mais cette influence se borna d’abord seulement à la vie sociale de l’aristocratie moldave qui commençait à se former ; le fils du vieux Lapusneanu, Bogdan, maria