Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/149

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siècle, où la propagande, stimulée par les Jésuites de Pologne et par les exhortations du célèbre Père Pos-sevino, eut une recrudescence remarquable, sans qu’on puisse dire un mot sur son administration. Le projet de donner un catéchisme latin en langue roumaine, qui fut formé à cette époque, ne fut jamais accompli. Il faudra attendre encore un siècle pour que le moine italien Vitto Piluzio donne, dans une forme incorrecte, le premier manuel de ce genre.

Déjà vers la fin du XIVe siècle, des marchands génois de Caffa et de Péra connaissaient tout aussi bien le chemin d’Arges et de Târgoviste que celui, beaucoup plus fréquenté, de Suceava, où ils apportaient du poivre, des épices, puis des draps d’Orient, des armes d’une facture plus délicate, à l’italienne ou « à la vala-que », ainsi que le demandait Etienne-de-Grand. Leurs imitateurs, les Ragusains, avaient des comptoirs sur le Danube, à Silistrie, à Temeschwar, et des relations d’affaires continuelles, comme banquiers, comme fermiers des douanes, en Valachie et en Moldavie ; les frères des Marini Poli devinrent même les parents delà famille princière sous Mihnea-le-Turc, dont la mère, Catherine, était originaire de Constantinople, ayant une sœur, veuve d’un Génois, qui vécut comme nonne à San-Maffio de Murano, près de Venise, où elle connut le Véronèse. Toute la société marchande de Péra eut, pendant le XVIe siècle, des relations presque quotidiennes avec les agents des princes régnants, avec les exilés et les prétendants qu’ils soutenaient de leur crédit. Il n’était pas rare de voir dans leur compagnie des Roumains à côté des membres des ambassades chrétiennes et des voyageurs en quête de manuscrits grecs et de curiosités orientales. Il est certain que quelque chose de l’esprit social, accueillant et bavard, de ces assemblées qui unissaient l’esprit grec à la vivacité