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CHAPITRE VIII

Caractère de la civilisation roumaine au XVe siècle


La civilisation roumaine au XVe et au XVIe siècles. — Les formes politiques. — A la tête de la vie politique est le prince ; tout en ajoutant à son nom propre le qualificatif Voévode (dérivé du slave Voda), il reste pour les siens un domn. Il a gardé en grande partie l’ancien caractère populaire de son autorité. S’il a une cité où il réside d’ordinaire : Târgoviste, puis Bucarest pour la Valachie, Suceava puis Jassy, pour la Moldavie, il traverse chaque année, surtout pendant le printemps et l’été, tout le pays, s’arrêtant de place en place pour distribuer personnellement la justice aux plaignants, qui se présentent devant lui sans autres moyens que ceux d’une éloquence naturelle. Partout il a son église princière, Etienne-le-Grand, à lui seul, en bâtit une cinquantaine pour commémorer ses victoires), et, dans son voisinage immédiat, un modeste palais de pierre. Le Français Fourquevaux assista, en 1589, à une scène de justice populaire pareille à celle qui se rattache au souvenir de saint Louis : sous une « frescade », le bon prince débile que fut Pierre-le-boiteux, l’ « abeille-reine sans aiguillon » de la chronique, écoute d’une oreille attentive et bienveillante les doléances du menu peuple ; tout en s’agenouillant devant Sa Majesté — Maria Sa, car le titre