Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/157

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imposantes d’an monde déjà fini. Comme ces anciens suzerains, les Angevins de Hongrie, et plus que ses voisins de l’Est, rapidement alanguis, les rois de Pologne, le Voévode est toujours prêt à combattre même après que la soumission complète aux Turcs eût interdit aux Valaques d’abord, toute expédition sans ordre impérial. La pierre tombale d’Arges représente Radu d’Afumati à cheval, le manteau soulevé par la rapidité de l’attaque et la masse d’armes à la main. Une défaite n’avait jamais réussi à décourager Etienne-le-Grand, qui, ainsi que le dit un panégyriste postérieur, « étant vaincu, s’élevait au-dessus de son vainqueur » ; le même caractère indomptable distingua Pierre Rares, qui répondait dédaigneusement au roi de Pologne, fier du succès d’Obertyn, qu’il ne reconnaît comme vainqueur que Dieu seul. Ces princes de lu guerre, que rappelle le sens même du titre de Voévode, n’ont jamais quitté la cotte de maille des Croisés que porte déjà Mircea l’Ancien dans la fresque de Cozia, et l’épée qu’avait laissée choir, dans sa suprême détresse, le Moldave Jean-le-Terrible devait être bien-lot reprise, et pour la même cause de la Croix, par le Valaque Michel-le-Brave.

Ce qui a été dit du prince s’applique aussi aux boïars. Même s’ils sont d’origine étrangère, des réfugiés et des hôtes, rien d’essentiel ne les distingue des paysans ; bien que le Voévode leur ait cédé son droit sur la dîme, ils n’en sont pas encore les maîtres. Ils n’ont pas de blason, employant seulement des camées acquis par hasard pour sceller les actes auxquels ils participent. Les noms de famille sont encore très rares ; chacun porte, sinon la simple mention de la dignité qu’il occupe, du moins un surnom quelconque ou. la location du nom de son père. Il n’y a pas de Cour dans le vrai sens du mot, le Voévode étant entouré uniquement de sa famille et de ses mercenaires, les curteni(