Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/158

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la solde s’appelle jold, d’après la forme hongroise du nom) ; plus tard aussi, surtout en Moldavie, on rencontre les étrangers de la garde, des Hongrois de Transylvanie, des Polonais (sous la dynastie des Mo-vila), des Allemands et même, pendant le règne de Jacques Basilicos, des Français, comme Roussel ou Jean de Revelles. Le boïar habite à la campagne, il communie avec ses paysans dans l’église qu’il a fait élever à ses frais et, lorsque les signaux de feu su. la montagne annoncent un invasion, il réunit les guerriers rustiques sous son drapeau de capitaine.

Ce groupe de chevaliers jouissant de privilèges et maîtres des terres de donations se renouvelle sans cesse. Non seulement l’hérédité n’existait pas : mais les charges variaient constamment ; le prince conservait le droit de tout changer, de tout bouleverser selon son bon plaisir, bien que, au début, I : témoignage des principaux boïars fût exigé par les Polonais pour garantir les engagements d’un Voévode encore incertain. Tel descendant d’un grand boïar recueillera seulement une partie de ses terres, et ses petits-fils se perdront parmi les razesi (de raza, rayon), co-partageants de l’héritage. En échange, jusqu’au XVIe siècle encore, le mérite d’un guerrier pouvait le faire entrer dans les rangs de cette classe active qui n’avait rien de la fière rigidité d’une aristocratie préoccupée de son arbre généalogique et élevée dans la conviction qu’elle est supérieure aux simples traditions du peuple, car la plupart de ces nobles ne savaient pas même écrire.

L’influence orientale avait cependant donné aux boïars, avec les vêtements de luxe des Constantinopo-litains, leur propension aux intrigues. La camaraderie avec les Grecs, toujours occupés à renverser quelqu’un, sinon à se faire payer leur appui, ne fut pas sans accroître le nombre des complots et à raffiner le