Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/172

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se montra conciliant aux Voévodes qui avaient succédé à son père ; il put prendre dans leur Conseil uni-place importante, arrivant jusqu’à la dignité de Ban, la première après le trône et qui donnait une quasi souveraineté en sous-ordre dans l’Olténie. Alexandre-le-Mauvais, usurpateur d’origine moldave, l’ayant poursuivi comme adversaire personnel, comme prétendant, il se réfugia à Constantinople. On a vu à la suite de quelle humiliation le réfugié parvint à gagner l’héritage de son père, en septembre 1594.

La chronique des boïars, de ces riches frères Bu-zesti, attribue le mérite de la révolte qui délivra pour quelques années la principauté de Valachie du joug accablant des Turcs, à la nouvelle classe de la chevalerie roumaine. Ce sont eux qui se réunissent, qui prennent la résolution d’entreprendre ’l’œuvre glorieuse et difficile ; il ne reste plus au prince qu’à l’approuver. D’ailleurs, Michel lui-même, qui avait commencé par être un des membres de cette aristocratie guerrière, sentait comme eux ; seulement, il devait prendre les devants, parce que le sort avait fait de lui vraiment un prince.

La révolte éclata ; les créanciers turcs furent massacrés : on canonna la maison où ils s’étaient réfugiés. La Moldavie d’Aaron, réduite aux abois, avait déjà pris sa décision, et le César allemand Rodolphe venait de conclure avec cette principauté une convention qui la faisait entrer sous son autorité comme membre de l’Empire. Enfin, dans les ambitions du prince de Transylvanie, qui voulait être roi de la croisade sur le Danube, on voyait un appui, et l’Europe occidentale, incitée par le Pape Clément vin avait partout en Orient des émissaires.

Les forteresses du Danube brûlèrent ; les troupes turques réunies pour punir le rebelle valaque amenèrent un prétendant qu’elles espéraient pouvoir facilement