Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/175

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Jean Zamoyski, entra dans le pays, sous le prétexte de repousser les Tatars, tout aussi sincère que le roi Jean-Albert, lorsqu’il prétendait vouloir recouvrer sur les Turcs les ports d’Etienne-le-Grand. Sigismond fut battu par les Turcs, qui remportèrent sur les Allemands la victoire de Kerestes, dans la plaine de Pannonie. En 1598, il céda son héritage à l’Empereur, qui y envoya ses commissaires, en attendant l’arrivée du futur prince, l’archiduc Maximilien, ancien roi élu de la Pologne ; Michel prêta, au mois de juin, entre leurs mains, dans le couvent de Dealu, où reposaient les restes de son père, le serment de fidélité à son nouveau suzerain Rodolphe II. Trois ans plus tard, des amis fidèles allèrent enfouir furtivement à la même place sa tête, tranchée dans un camp de Transylvanie, par les soldats de l’Empereur.

Bientôt, du reste, le rejeton dégénéré des Bâthory revint de son abri silésien pour reprendre les rênes du pouvoir, et aussitôt il renoua ses anciennes relations avec les Turcs. Après qu’il eut étourdiment abdiqué, son jeune cousin André, cardinal et évêque polonais, qui lui succéda, ne fit que persévérer dans cette voie ; il avait l’appui dévoué du prince établi par Zamoyski en Moldavie pour y représenter la politique polonaise que l’antagonisme fatal contre l’envahissement des Habsbourg avait déjà engagée dans l’ornière de l’alliance turque.

Il ne fallait même plus penser aux souvenirs byzantins qui s’étaient réveillés, non seulement dans la pensée de Michel et de ses paladins, mais aussi dans celle des chrétiens des Balcans : Serbes du Banat, qui rêvaient d’un roi chrétien ; Bulgares dont les évêques de nationalité grecque envoyaient des lettres d’imploration au Voévode ; Albanais agités par le pressentiment d’un nouveau Scanderbeg ; Grecs même, qui attendaient du grand Michel le Valaque la délivrance