Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/176

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d’un long esclavage. A lui seul il ne pouvait accomplir une œuvre aussi difficile. Après de brèves apparitions sur le Danube, il dut s’incliner devant la fatalité et recevoir les envoyés du Sultan qui, chargés de présents, venaient lui proposer un arrangement favorable à ses intérêts.

Michel aurait pu arrêter ici sa carrière de soldat et reprendre dans des conditions meilleures les anciennes relations qui avaient tout de même assuré à la principauté presque un siècle de tranquillité. Mais les conditions de la Transylvanie devaient engager à de nouvelles entreprises, non plus l’ambition politique de princes tels qu’Etienne ou Pierre Rares, mais la soif d’exploits brillants, d’aventures sans cesse renouvelées de ces guerriers par tempérament et par éducation que Michel était digne de conduire sur les sentiers dangereux d’un plus grand avenir.

Ayant reçu aussi des incitations formelles de la part des Impériaux, auxquels la Transylvanie, avec toutes ses perspectives de domination danubienne et d’influence dans les Balcans, venait d’échapper de nouveau, il attaqua, sans attendre le concours du général impérial de la Hongrie Supérieure, le rancunier Albanais Georges Basla, ce cardinal, dont il avait été contraint de reconnaître la suzeraineté, aussi inutile qu’humiliante. Ayant franchi les Carpathes par le défilé de Buzau, il longea la frontière jusqu’à Brasov, qui se soumit volontiers, pour se réunir ensuite avec les armées de l’Olténie presque sous les murs de Sibiiu. Une seule bataille, à Selimber (Schellenberg), le 28 octobre 1599, décida du sort d’André, qu’avaient abandonné ses capitaines eux-mêmes, avec le commandant suprême des armées de la province, Gaspar Kornis, noble d’origine roumaine. Le prince vaincu fut tué dans la montagne par les pâtres szekler qui haïssaient les Bâthory parce que ces maîtres avaient