Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

détruit les privilèges de leur nation ; Michel fit enterrer honorablement les restes du cardinal dans le mausolée de famille de Fehérvâr et, déplorant la mort de ce « pauvre prêtre », il prit, pour l’accompagner à sa dernière demeure, le cierge dans la main qui était accoutumée à donner de si rudes coups d’épée.

Devait-il se résigner à rester seulement le « conseiller impérial, le représentant en Transylvanie et le commandant général des comtés extérieurs », ainsi que l’auraient désiré les Saxons, qui lui avaient prêté l’hommage, à lui et à son fils, en cette seule qualité ? Devait-il continuer à distribuer des terres et des titres aux chefs de la noblesse magyare qu’il réunit dans son Conseil à la personne du nouvel évêque catholique Na-prâgy ? Devait-il se préparer même à évacuer la province contre une récompense quelconque, ainsi que l’auraient voulu les courtisans de l’Empereur, pleins de jalousie et de mépris à l’égard du « Valaque » ? Devait-il continuer à ignorer l’existence de cette nation roumaine de Transylvanie qui avait le même sang que lui et qui, s’étant par endroits révoltée contre les nobles, attendait instinctivement une prochaine et pleine administration de la justice de ce compatriote ? Tel fut le grand et tragique problème qui agita jusqu’au bout l’âme du conquérant.

Les Roumains formaient la grande majorité des habitants du pays. Dans les derniers temps, le développement naturel des fondations épiscopales dues au princes de Moldavie et de Valachie avait amené un progrès rapide. Les efforts faits pour imposer des évêques surintendants, chefs des « églises valaques », qui se cachaient dans quelque modeste résidence de village, menant l’existence mesquine des autres « pasteurs » échouèrent au milieu d’un peuple dont le principal trait distinctif est le plus tenace attachement à Y « ancienne loi », aux « anciennes coutumes ». Les princes firent