Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/185

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lié aussi par ses frères et ses sœurs musulmans, ils accoururent sous les drapeaux toujours déployés de Radu Serban, un des fidèles du Voévode assassiné. Avec leur aide — les Buzesti gardant pour quelque temps la conduite du mouvement — Radu, reconnu par la Cour de Prague et soutenu par les troupes italiennes, wallonnes et allemandes de Basta, attaqua les Infidèles, comme jadis Dan II, Tepes, et le « Brave », qui venait de périr, sur le Danube et dans leur nid de la Dobrogea. Il infligea sur le Teleajen, près de Valenii-de-Munte, une grande défaite au Khan des Tatars, qui venait soutenir la cause de Siméon. Il passa ensuite en Transylvanie et brisa le trône magyar improvisé du vieux capitaine szekler Moïse, qui s’était soulevé contre les Impériaux, en 1603 ; puis, en 1611, après une courte occupation hongroise dans la Valachie surprise, Radu fit fuir devant lui, dans une seconde bataille de Brasov, toute aussi glorieuse que la première et digne de figurer auprès des plus belles journées de Michel, un nouveau prince de la révolte magyare, qui avait chassé les vétérans de Basta, ce Gabriel Bàthory, qui avait paru au milieu des Turcs du Banat dans un costume de légende barbare, des ailes d’aigle attachées à son casque. N’étant pas soutenu pour pouvoir conserver sa conquête, Radu eut une triste fin à Vienne, où il s’était réfugié, l’empereur le laissant périr dans l’abandon et la misère pour lui accorder ensuite ironiquement une sépulture honorable dans la cathédrale même de Saint-Etienne.

Les siens étaient restés désormais sans chef, tous ces preux avides de combats, comme le Vestiaire Pana, qui s’était jeté sur Moïse et l’avait transpercé d’une balle, comme Stroe Buzescu, plusieurs fois blessé dans les combats contre les païens abhorrés, qui, violant la consigne donnée par le commandant italien de ne pas quitter les tranchées protectrices, avait fondu en 1602