Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/222

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ils demandèrent en échange que le Voévode, s’il ne revenait pas dans sa Capitale, fût déclaré déchu et que toute l’engeance des (Grecs, sauf les marchands, fût pour toujours chassée du pays ; l’administration future de la principauté, la conduite des armées moldaves qu’on aurait créées était réservée à la classe dominante roumaine.

Lorsque les troupes de Catherine II entrèrent pour la première fois dans la Capitale de la Moldavie, pour occuper aussi, par un coup de surprise, Bucarest, elles apportaient, non pas le drapeau d’une conquête politique, mais celui d’une résurrection chrétienne, orthodoxe, slave et grecque, par la Russie et pour la Russie Dès le début, on s’adressa aux boïars, et les Cantacuzène de Valachie, Pârvu et Michel, avaient fait tout leur possible pour préparer l’intervention russe. On ne parlait que de la « foi chrétienne » et du « joug des mahométans », idée qui animait bien réellement les soldats de l’invasion autant que leurs chefs. Cette fois encore, les Russes ne furent pas reçus par l’autorité princière ; Grégoire Ghica III, celui qui devait être plus tard la victime de la vengeance turque, se laissa prendre par l’avant-garde des chrétiens et mener à Pétersbourg pour en revenir comme client de l’Impératrice. Quant à l’aristocratie indigène et aux chefs religieux du pays, on connaît leurs sentiments par toute une longue série de mémoires que leurs députés allèrent présenter à Catherine II d’abord, puis aux diplomates réunis, en 1771, au Congrès de Focsani et à Roumientzov, le commandant suprême des armées impériales. Ils voulaient d’abord la réunion de leur pays aux provinces de la Russie, mais sous la condition, énoncée par les Moldaves aussi bien que par les Vala-ques, que les affaires fussent confiées à un Comité aristocratique » de douze boïars, que tous les fonctionnaires et les officiers fussent élus pour un bref espace de