Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/223

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temps et pris parmi cette classe et par elle-même, les droits souvrains seuls devant être exercés par le général russe établi dans la Capitale du pays[1].

On parlait déjà de l’intention qu’avaient les jeunes gens de cette aristocratie roumaine de voyager au loin pour leur instruction ; on voulait établir dans le pays même, à côté de ces écoles grecques qui, souvent réformées, restèrent dans les deux Principautés le seul cen-tre important de culture hellénique, des « Académies de sciences, d’art et de langues ». On sent l’influence des précepteurs étrangers, venus soit d’Allemagne, comme Dosithée Obradovitch, le créateur de la littérature serbe moderne, soit surtout de France, pour enseigner la langue qui dominait alors l’Europe entière et ouvrait le plus large accès à la philosophie politique moderne. Les princes phanariotes, qui devaient se servir du français dans leurs relations internationales, employaient des secrétaires français comme Linchoult et comme Mille, ou italiens comme Nagni, qui, tout en remplissant leurs devoirs officiels, contribuaient à introduire dans la société l’esprit occidental. Déjà les livres français étaient lus avec avidité par les lettrés de ce inonde qui, sous une apparence toute orientale, toute constantinopolitaine, et plutôt turque, gardait cependant une propension marquée pour les idées de l’Occident. Leurs lectures étaient peu variées ; c’étaient des romans d’aventures et des traités sur les mystères de la franc-maçonnerie, des livres de sciences exactes à côté des fantaisies pastorales de Florian et des poésies de Racine et de Voltaire — on s’empressait de pasticher en grec ce dernier, — c’étaient surtout les journaux en langue française, venus de Hollande aussi bien que de Paris. L’évèque de Râmnic,

  1. V. notre Histoire des relations russo-roumaines, p.163 et suiv.