Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/225

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boïar dont il était heureux d’être devenu le secrétaire. On allait entendre dans les cafés des capitales roumaines les accents téméraires de la Carmagnole.

Ce fut alors que les Russes et les Autrichiens envahirent de nouveau les Principautés, où ils rencontrèrent tout un parti de boïars qui étaient habitués à parler des origines romaines, de la liberté nécessaire au développement des peuples, de « l’État chrétien grand et puissant » qu’il aurait fallu créer sur le Danube dans l’intérêt même de l’Europe. Il s’agissait maintenant de « nation roumaine », qui demandait le respect de ses droits naturels, et non seulement des privilèges de classe que le passé historique lui avait légués. On voulait la restitution de la ligne du Danube, occupée par les forteresses turques, le payement du seul tribut de 300 « bourses », à 500 piastres, par le moyen des ambassadeurs, chrétiens à Constantinople, la liberté du commerce pour les produits d’un pays qui tendait à échanger l’élevage, comme principale source de revenus, contre l’agriculture, sur un sol nouveau, d’une richesse extraordinaire. On avait désiré jadis, en 1770, la protection commune de la Russie, de l’Autriche et de la Prusse ; on s’arrêtait à ce moment à celle des deux Puissances impériales seules qui participaient à la nouvelle guerre. Mais il fallait aussi qu’un prince élu selon la coutume, qu’on avait rétablie plus récemment pour l’élection d’Alexandre, fils de Scarlate Ghica, disposât d’une armée nationale dont la mission aurait été de défendre la neutralité roumaine[1].

Pendant la guerre de 1806-1812, Constantin Hypsi-lanti, qui ne manquait certainement pas d’initiative, après avoir été rétabli sur son trône de Bucarest par les Russes, qui lui confièrent même pour quelques

  1. Convorbiri Literare, anée 1901, p. 1126 et suiv.