Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/224

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Césaire, un des principaux représentants de la culture religieuse à cette époque, faisait venir pour son usage personnel l’Encyclopédie, dépôt de toutes les hérésies pernicieuses à une âme orthodoxe ; un peu plus tard, l’évêque moldave de Hotin, Amphiloque, qui avait connu l’Italie et parlait l’italien et le français probablement aussi, donnait la première Arithmétique et la première Géographie qui eussent été publiées en roumain, et peut-être fût-il aussi le traducteur des Voyages de l’abbé de La Porte, qui avaient été d’abord imprimés en russe. La typographie métropolitaine de Jassy donna une version roumaine du roman français Critile et Andronius. La première Histoire de la Moldavie et de la Valachie, par Carra, le futur conventionnel, qui n’était à ce moment que l’ancien précepteur, fort mécontent, des enfants de Grégoire Ghica III, parut, contenant des critiques injustes plutôt qu’une information exacte et sincère, à Neufchâtel, en 1782, presqu’au même moment que l’opuscule de Raicevich, les Osservazioni. Il y avait déjà à Jassy et à Bucarest tout un monde de lecteurs assidus des produits occidentaux apportés par la poste d’Autriche et que distribuaient les agents de cette puissance. L’Académie moldave avait été réformée dans un sens moderne, et on y faisait des leçons de latin et même de français. Des satires véhémentes s’élevaient pour critiquer les vices de la classe dominante et pour demander des « vertus », comme celles que pratiquait et prêchait Robespierre aux détenteurs d’un pouvoir « tyranni-que ». Des Grecs des Principautés allaient fournir, non seulement des témoins de la Révolution française, comme ce Constantin Stamati qui avait espéré pouvoir être consul de France à Bucarest, mais aussi des hérauts au mouvement révolutionnaire de la Grèce renaissante, car Rhigas, l’auteur de la « Marseillaise » hellénique, avait débuté dans l’antichambre de tel