Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/243

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de 1821 devaient trouver un initiateur et un infatigable conseiller.

L’action des secrétaires princiers, parmi lesquels un Français, Hauterive, écrivit, un peu avant 1789, une des meilleures descriptions qu’on ait de la Moldavie, avait beaucoup diminué, et les réfugiés de la Révolution devaient être, pauvres émigrés se cherchant un abri, inférieurs à leurs prédécesseurs, les anciens précepteurs français, qui avaient été animés de convictions profondes et poussés par un zèle contagieux. Mais les représentants de l’aristocratie étaient les élèves de ces derniers et surtout les lecteurs exclusifs des livres français de propagande réformatrice. Bientôt le livre grec de Vienne, de Leipzig, consacré à cette même propagande, le journal grec d’Autriche, publié par les disciples de Rhigas (le plus répandu porte le titre de « Mercure Savant » (Logios Hermès), les incitations orales des membres des sociétés secrètes, qui, après l’œuvre tyrannique du Congrès de Vienne, s’étaient formées en Russie surtout, vinrent contribuer au mécontement général, aux aspirations vers un avenir meilleur, aux tendaces de bouleversement.

Les Grecs, qui croyaient bien connaître la psychologie docile et résignée de leurs nourriciers, les « Vala-ques », s’imaginèrent pouvoir employer pour leurs propres buts nationaux cet état d’esprit. Ils donnèrent à l’Académie de Jassy et surtout à celle de Bucarest un caractère absolument hellénique ; ils flattèrent l’aristocratie, qui préférait dans la conversation l’élégance du grec ancien et même celle, moins évidente, du grec vulgaire, et ils promettaient de faire de cette Capitale valaque la « nouvelle Athènes » de l’hellénisme, étendu jusqu’aux Carpathes. On ne peut pas dire qu’ils échouèrent complètement. Jamais le cachet grec n’avait, été plus profond et plus net qu’après 1812, lorsque Jean Georges Karatzsa (Caragea),