Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/256

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par exemple, que ce professeur français, Vaillant, qui eut une part si large dans le développement de l’enseignement public roumain. Les frères et cousins Go-lescu furent placés en Suisse ; ilsdescendaient de Constantin, le premier boïar qui eût laissé un récit de voyages à l’étranger, avec de douloureuses considérations sur l’état de sa patrie et surtout du paysan, et de Radu, grammairien et géographe ; d’autres allèrent à Paris, où ils furent aussitôt gagnés par cet esprit de la Révolution qui attendait ses revanches sous le régime des Bourbon de la branche aînée et même sous celui de la royauté bourgeoise de Louis-Philippe. Cet esprit était d’autant plus sympathique à leurs jeunes âmes, qu’il représentait en Valachie et en Moldavie une opposition naturelle contre ces tendances de la Russie Tzariste d’arriver par l’annexion des Principautés à dominer dans le Bosphore et à résoudre définitivement la question d’Orient. Un nouveau facteur occidental s’ajoutait ainsi, vers 1848, à ceux dont on était arrivé à s’assimiler tout ce qui, étant réalisable dans les conditions données par la réalité, pouvait hâter le développement de cette civilisation roumaine dont la source devait rester en elle-même, dans la société qu’elle reflétait.

A ce moment, l’initiative avait passé à la Moldavie. Là, c’est Asachi qui avait dirigé le mouvement. Fondateur d’un théâtre roumain qui, avant l’année 1821, précéda les représentations données à Bucarest par la « Société Philarmonique » des jeunes boïars, journaliste qui, sous la même impulsion russe qu’Eliad, publia, la même année que ce rival, son Abeille Roumaine, organisateur des écoles nationales qui devaient aboutir à leur point culminant avec 1’ « Académie » de Michel Sturdza, il avait un talent subtil de la forme, un sens raffiné de l’art qui manquèrent toujours à Eliad. Mais l’âme roumaine ne transparaît