Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/257

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pas dans ses écrits, influencés surtout par la littérature italienne, classique et romantique, qu’il connaissait à la perfection ; ses vers, beaux, mais froids, ne font vibrer les cœurs que lorsqu’ils louchent à la grande origine romaine ou aux espérances patrioti-ques de la nation. Quand à Constantin Negruzzi, plus jeune que lui, conteur discret, dans le genre de Pros-per Mérimée, poète qu’inspiré l’œuvre romantique du Russe Pouchkine, un des maîtres de la prose roumaine naissante, il n’est qu’un des meilleurs produits de l’influence étrangère qui menaçait de transformer la littérature nouvelle en une collection d’imitations plus ou moins heureuses.

Vers 1840, lorsque Negruzzi était déjà arrivé à la maturité, une nouvelle génération apparut Son principal représentant comme poète est Basile Alecsandri. Esprit extraordinairement vivace, d’une spontanéité créatrice jusqu’alors sans exemple dans le pays, sympathique par les allures élégantes de son style, ce fils d’un riche boïar de création récente pouvait tirer des notations originales de la poésie populaire, ballades et complaintes, ou du passé roumain qui avait conquis Negruzzi aussi dans ses nouvelles historiques ; il pouvait émailler de noms paysans et de coutumes villageoises son vers fluide, brillant, mais facile et froid ; il ne descendit cependant jamais dans ces profondeurs où se révèlent les qualités essentielles d’un peuple. Un autre maître de la langue poétique, Démètre Bolintineanu, dont le père était originaire du Pinde, fut, à son heure, encore plus adoré par une société légère, qui cherchait trop souvent des distractions dans ce qui forme la raison même de vivre d’une nation ; mais son vers finit par n’être plus qu’un verbiage sonore, un gazouillis dépourvu de sens.

Le contemporain et l’ami d’Alecsandri, Michel Kogalniceanu,