Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/261

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Les Magyars répondirent par le vote du 29 mai, qui réunissait la Transylvanie à la Hongrie. D’abord respectueux envers la personne de l’Empereur Ferdinand, ils devaient en arriver à se détacher des Habsbourg sous le jeune François-Joseph, qui succéda après l’abdication de son oncle et proclamèrent la République. Les Roumains, où l’on ne voulait voir que des « individus à droits égaux », faisant partie de la nation politique magyare, répondirent par des re-présentations à la Cour, par les démonstrations violentes des « Grenzer », par des réunions à Blaj et, enfin, quand les Impériaux eurent pris des mesures militaires contre les Hongrois révoltés, ils organisèrent une insurrection ; le général même qui commandait au nom de l’Empereur en Transylvanie le leur avait, du reste, conseillé.

Si Saguna, homme d’une puissante intelligence organisatrice et d’un prestige unique, à la Cour aussi bien qu’au milieu de ses fidèles, se déclara ouvertement pour la cause impériale et s’il accepta même de passer les Carpathes, avec un délégué saxon, pour demander l’intervention en Transylvanie dos Russes du général Lüders, il s’arrêta là sans vouloir mêler son autorité d’évêque aux efforts héroïques des bandes roumaines formées, là où avaient combattu jadis So-phronius et Horea, sous la conduite d’un jeune avocat, natif de ces montagnes, Avram lancu.

Quant aux « intellectuels », aux professeurs venus de Valachie, aux écrivains et aux prêtres, à tous ces fils de paysans qu’avait soutenu si difficilement pendant leurs longues années d’étude le travail des mains rudes, ils ne voulurent rien risquer. Le « roi des montagnes » n’en fut pas découragé : avec les « tribuns », ses officiers, avec la multitude, où figuraient aussi des femmes, il combattit, disposant de simples canons en bois de cerisier, jusqu’au bout, c’est-à-dire aussi loin