Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/286

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il n’y eut jusqu’aux guerres balcaniques de 1912, aucune différence. Fidélité aux Puissances centrales à l’extérieur, et à l’intérieur opportunisme au profit de la classe dominante, tel fut le programme commun. Quant aux paysans, des législations draconiennes, assuraient le fruit de leur travail aux propriétaires, et, de temps en temps, sous la pression de leur mécontentement (révoltes en 1907, suivies d’une « réforme » des contrats agricoles) ils obtenaient des distributions de terres

Renouveau national du peuple roumain.— Peu à peu cependant se produisit un changement profond, dont les dernières années virent les manifestations publiques et officielles, en même temps que s’affaiblissaient la classe dominante et que l’esprit d’initiative abandonnait le pouvoir suprême ; de même qu’au XVIIIe siècle, où contre la Roumanie phanariote se dressa le drapeau national des moines de Transylvanie, fils de paysans, et de Tudor Vladimirescu, le paysan d’Olténie, on put assister au développement en Roumanie d’une civilisation originale et aux progrès naturels de la classe laborieuse.

A l’époque de Cuza, le mouvement littéraire était en pleine décadence ; les journaux commençaient leur activité bruyante sur les ruines de la prose littéraire, sans qu’un seul de ces périodiques eût un caractère vraiment éducateur. Bien qu’il eût donné à la grande année de l’Union quelques-unes de ses poésies patriotiques, bien inférieures cependant à l’hymne fervent par lequel le Transylvain André Muraseanu salua l’année libératrice de 1848, hymne qui est resté comme la « Marseillaise roumaine », Basile Alecsandri n’était plus le représentant d’une jeunesse poussée au combat par la foi et l’enthousiasme ; il dépensait son talent dans des pièces de théâtre, à l’intrigue d’emprunt,