Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par lesquelles il servait souvent ses propres passions et celles de son groupe politique. Grégoire Alexan-drescu s’était tu, terrassé par la paralysie, et Bolin-tineanu, ministre de Cuza, répandait, à la veille de la maladie de nerfs à laquelle il devait succomber, les derniers restes d’un talent qu’il n’avait su ni développer, ni conduire.

La littérature historique florissait, mais surtout en ce qui concerne la publication des sources, chroniques et documents. L’exemple de Kogalniceanu lui-même, désormais perdu pour les lettres, de Lauraian et de Balcescu, éditeurs, avant 1848, du « Magazin historique pour la Dacie », fut suivi par un émigré de Transylvanie, qui écrivit, en témoin oculaire, l’histoire des journées révolutionnaires de Plaj, Alexandre Papiu Ilarian, et surtout par cet infatigable travailleur, qui fut aussi un penseur profond et original, bien que parfois d’une inspiration bizarre, B. P. Hasdeu, originaire de Bessarabie et même ancien officier russe. Mais le trésor qu’ils mirent à la disposition des lettrés d’une nouvelle ère ne fut que très peu employé. Alors que les chroniques éditées par Kogalniceanu avaient créé le genre même de la nouvelle historique, il fallut que Hasdeu lui-même, doué d’un remarquable talent littéraire, employât pour des récits et. des drames les révélations d’un monde archaïque. En fait de nouvelles et de romans, on n’aura que des scènes, d’un délicat travail littéraire dessinées par l’archéologue Alexandre Odobescu et les tableaux de mœurs naïvement présentés par un humble chantre d’église, Nicolas Filimon.

La nouvelle littérature s’annonçait sous des auspices encore plus mauvais : elle consistait dans un simple jeu de mots, empruntés pour la plupart aux néo-logismes français, plutôt inassimilables. Une réaction devait se produire : lès junimistes commencèrent leur