Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

son autorité personnelle, soutenue par la bénédiction du Pape et par les sympathies de l’Occident latin. Il vivait, du reste, dans des idées tout à fait différentes de celles des Arpadiens, qui avaient gardé avec opiniâtreté les tendances conquérantes de l’époque barbare. C’était un roi à la manière française, un Angevin de Naples ; il réussit à s’entourer de brillants vassaux et de braves chevaliers, retenus auprès de lui par l’hommage et le devoir féodal. Il tolérait que ce Voévode de « sa terre transalpine », ce roitelet des Carpathes, établît solidement son pouvoir sur les vallées de la montagne roumaine et l’étendît à travers la plaine jusqu’à la ligne du Danube, pourvu qu’il observât les règles strictes de la féodalité occidentale.

Dans la Transylvanie même et dans les territoires voisins, le fils de Charles-Robert ne chercha guère à établir une domination royale à la manière moderne sur les ruines des anciens privilèges. Au contraire, personne ne respecta plus que lui tout ce qui tenait à ce moyen âge dont il fut un des plus splendi-des représentants. Il chercha même à ressusciter des formes en décadence, des initiatives déjà endormies, des élans paralysés par la décadence. Les Voévodes, les cnèzes roumains surgissent sur tous les points de ce territoire, à la place des « magistri » et des « bans » officiels de la dernière phase arpadienne. Surtout dans le Marmoros et dans les comtés voisins, où les conditions rurales n’étaient pas encore consolidées autour des quelques villes de colonisation germanique et des couvents latins, les Voévodes roumains, élus, selon la tradition, par la « communauté des Valaques », détiennent, malgré la présence du comte nommé par le roi, le pouvoir entier sur les villages du patrimoine national. Le Banat, autre territoire de frontière, est rempli aussi de ces chefs indigènes, qui déchurent rapidement pour devenir bientôt de simples juges de