Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont il supputait ensuite en bon comptable le nombre pour en orner ses bulletins de victoire. Seulement, le Sultan lui-même passa sur la rive gauche pour chasser en Hongrie — mais non sans avoir subi de graves pertes, — un prince féroce, trahi par ses boïars et tardivement secouru par Je roi, son protecteur ; il put bien laisser sur le territoire valaque, comme Voévode de la paix et de la soumission, le méprisable Radu-le-Bel, frère de Vlad, qu’il avait tiré du harem de ses favoris, mais non pas soumettre définitivement un pays qui, sous ce faible maître, reprit dès le lendemain ses anciennes traditions. Avant cette campagne même de 1462, qui avait été plutôt malheureuse si l’on tient compte de ce qu’elle coûta aux vainqueurs, Etienne le Moldave savait bien qu’il n’avait à craindre aucune inimitié de la part des Turcs. Ces derniers étaient, du reste, si gênés dans leur offensive contre Vlad, qu’ils permirent à son voisin de « collaborer » à leur expédition contre Chilia ; il y employa toute une armée, qui ne pouvait guère avoir pour but de livrer au Sultan la ville, une fois conquise, mais qui voulait rentrer dans la possession d’une place cédée si facilement par Pierre Aaron à son patron, le gouverneur de la Hongrie.

Activité d’Etienne avant le conflit avec les turcs. — Dans ces conditions, il s’agissait en première ligne de régler la situation du pays envers les deux pays chrétiens qui avaient hérité des prétentions féodales des Angevins d’Orient. Pierre Aaron se trouvait en Pologne ; mais on n’osa pas le soutenir. Il en fut chassé, au contraire, dès l’année 1459 ; le nouveau prince moldave dut s’engager à ne pas redemander la possession de la citadelle de Hotin, momentanément occupée par les officiers du roi et qui devait, du reste, revenir bientôt d’elle-même à la Principauté,