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Ex. :

Dedavant sei fait porter son dragon. (Rol., 3266.)
Devant lui il fait porter son dragon.
A sei apelet ses filz e les dous reis. (Rol., 3280.)
Il appelle à lui ses fils et les deux rois.
Or ad li cuens endreit sei sez que faire. (Rol., 2123.)
Maintenant le comte (Roland) a assez à faire envers lui-même.
Quant veit li cuens que ne la freindrat mie,
Molt dolcement la plainst a sei meïsme. (Rol., 2342.)
Quand Roland voit qu’il ne la brisera pas,
très doucement il la plaignit en lui-même[1].

D’autre part, au lieu du réfléchi atone (se) comme dans la langue moderne, ou du réfléchi tonique sei, soi (cf. supra), l’ancien français emploie volontiers le pronom personnel non réfléchi lui, elseus[2].

Ex. :

As tables jueent por els esbaneier. (Rol., 111.)
Ils jouent au tric-trac pour s’amuser.
Olivier sent qu’il est a mort naffret ;
De lui vengier ja mais ne lui ert sez. (Rol., 1966.)
Olivier sent qu’il est blessé à mort ;
de se venger il n’aura pas le temps.

Pronoms adjectifs démonstratifs

Emploi du pronom adjectif démonstratif en fonction d’article.

L’article provient d’un démonstratif latin (cf. la Morphologie). L’ancien français connaît aussi l’emploi du démonstratif cet, cete ou de cil, cele en fonction d’article. Cet emploi est même fréquent.

  1. Un peu plus loin on trouve (v. 2382) : Mais lui meïsme ne volt mettre en obli.
  2. Une grande liberté dans l’emploi de soi au lieu de lui existait encore au xviie siècle ; cf. Haase, Synt. fr., § 13.