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Par tote l’ost font lors tabors soner
Et cez buisines e cez greisles molt cler. (Rol., 3137.)
Par toute l’armée ils font sonner très haut leurs tambours et les trompettes et les cors.
Franceis i fierent par vigor et par ire,
Trenchent cez poinz, cez costez, cez eschines. (Rol., 1662.)
Tranchent les poings, les côtés, les échines[1].
Pronoms et adjectifs.

Les pronoms démonstratifs étaient indifféremment, dans l’ancienne langue, adjectifs ou pronoms.

Adjectifs.

On disait : en cest païs, en ceste ville ; en cel païs, en celle ville, cel désignant les objets éloignés, cest les objets rapprochés.

Pronoms.

On disait également : cil dist ; cil a parlet a lei de bon vassal (Rol., 887.). Cel list romans e cil dist fables (Méon, Nouv. Rec., I, 152.).

Autres exemples de l’emploi du pronom adjectif :

Si veit venir cele gent paienor (Rol., 1019). Et il voit venir cette race païenne.
A celle jornée que nos entrames dans nos neis (Joinville, XXVIII). En celui temps ; en celui jour ; en cestuy jour.

La langue moderne a établi une distinction rigoureuse dans l’emploi de ces formes : cet, cette est adjectif ; celui, celle sont pronoms (celui-ci, celle-là) ; ils peuvent s’employer aussi comme antécédents du relatif qui : celui qui règne dans les cieux (a. fr. cil qui regnet es ciels).

Quant à celui, qui était le cas du régime indirect (et quelquefois direct), il s’emploie de bonne heure comme cas-sujet.

Ex. :

Celui levat le rei Marsilion. (Rol., 1520.)
Celui-ci éleva le roi Marsile.
  1. Cf. Ch. de Roland, 2533–38, le mélange de les et de ces.