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la langue du pays, il en résulte que l’instruction religieuse n’est pas distribuée aux néophytes comme elle doit l’être, et que rien ne se fait pour la conversion des peuples infidèles. Sur ce sujet la plupart des prêtres européens sentent si bien leur insuffisance, qu’on les entend souvent se plaindre de l’impossibilité où ils sont de prêcher l’Évangile aux païens.


Privation de culte.

Secondement. : sans clergé indigène, la religion reste presque totalement privée de culte extérieur ; les prêtres étrangers sont si peu nombreux qu’ils doivent passer leur vie à parcourir incessamment les chrétientés ; à peine leur reste-t-il le temps de célébrer chaque jour, une messe basse dans la première chambre qu’ils rencontrent ; la messe finie, on entend les confessions ; une chrétienté achevée, on passe à une autre, et souvent une année ne suffit pas pour les parcourir toutes. Ainsi le culte consiste uniquement pour les chrétiens, à entendre dans une chambre souvent malpropre quelques basses messes dans le cours d’une année ; et cependant, si l’on réfléchit au caractère des peuples asiatiques, on voit que s’impressionnant surtout par les images et les représentations, le culte religieux leur est d’une nécessité toute particulière.

Troisièmement : les indigènes ne voyant ni grandes solennités ni cérémonies religieuses, ne sentent pas la nécessité d’avoir des églises, et n’ont aucun zèle pour en construire ; la religion ne forme pas à leurs yeux corps de société ; mais chacun reste chez soi avec les quelques prières qu’il a apprises.


La religion ne se nationalise pas.

Quatrièmement : les prêtres étant étrangers, la conséquence naturelle est que la religion apparaît comme une institution étrangère, un moyen d’envahissement mis en oeuvre par un peuple ennemi. Les chrétiens forment dans le sein de l’empire comme une association secrète dont le but est inconnu, dont tous les chefs sont exclusivement étrangers ; et par cela même, le premier sentiment qu’ils excitent est la défiance et le soupçon ; et ce sentiment se conserve et se propage d’autant plus que les prêtres européens sont obligés de