Page:Joseph Gabet - Etat des missions de chine.djvu/23

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se déguiser et de se cacher avec un soin infini. Ce préjugé qui représente la religion comme institution étrangère, est l’obstacle le plus fort à son introduction dans le pays ; les gouvernements se croient obligés de la proscrire, et les bons citoyens pensent faire preuve de patriotisme en la haïssant, et en secondant par tous les moyens possibles, sa ruine et son extinction.

C’est une persuasion semblable qui fut cause, dans le Japon, de la longue persécution par laquelle y fut éteint le Christianisme : elle est le motif de l’implacable guerre que lui font la Chine, la Corée et la Cochinchine. Or l’institution d’un clergé indigène, serait le moyen le plus efficace de faire disparaître un pareil préjugé.

Ainsi, avec un clergé indigène, la religion tout en conservant son caractère de catholicité et d’universalité, se nationalise et s’implante dans le pays, tandis qu’avec des prêtres étrangers, quelques brillantes et prospères qu’apparaissent les missions, elles sont toujours dans un état précaire, sans racine, et tout à fait incapables de résister à un orage ; c’est faute d’un clergé indigène, qu’ont péri les chrétientés du Japon et du Paraguay.

Un autre inconvénient pour les missions de n’avoir pas de clergé indigène, est que les chrétiens ne pouvant presque jamais voir de prêtres, ou s’il leur arrive d’en rencontrer, de ne voir que des étrangers avec qui ils ne peuvent pas couverser, s’habituent à s’en passer et à les regarder comme inutiles dans la religion. Les catéchistes chargés de prêcher. leur suffisent, et cet abus en est venu à ce point que des chrétientés, sur le moindre prétexte, se dispensent d’aller chercher le missionnaire pour la visite annuelle, et quelquefois refusent de le recevoir lorsqu’il vient de lui-même. Or lu véritable cause de cette plaie des missions, est le manque de clergé indigène.


Discussion des motifs qu’on allègue contre la formation d’un clergé indigène.

Nous allons maintenant examiner et discuter les raisons qu'on allègue ordinairement, pour se dispenser de faire des prêtres du pays.