Page:Joseph Gabet - Etat des missions de chine.djvu/26

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Il faut reconnaître aussi que quelques-uns d’entre les prêtres chinois méritent réellement le reproche de passer leur vie dans une espèce de léthargie continuelle sans jamais rien entreprendre. Ce mal tient surtout aux causes suivantes :

1° L’éducation qu’on leur donne les rend comme étrangers dans leur pays. Ils ont, pour ainsi dire, cessé d’être Chinois sans devenir Européens ; de là la fausseté de leur position et l’impossibilité où ils sont d’agir.

2° Le régime sous lequel les tiennent les prêtres européens, étouffe en eux toute espèce d’élan. On les gouverne comme des enfants, sans leur laisser espoir d’arriver jamais à rien ; de là, ils s’affaissent sur eux-mêmes et se concentrent dans leur propre esprit, sans qu’aucune espèce d’émulation les porte jamais à en sortir.

3° La réprobation, vouée de toutes parts aux chrétiens comme sectateurs d’une institution étrangère, pèse surtout sur les prêtres ; ils sont regardés comme les premiers affiliés de la conspiration, qui a pour but d’introduire les ennemis dans les pays, et, par conséquent, comme spécialement traîtres à leur patrie ; et de fait, la position qu’on leur fait, va à les faire considérer comme les domestiques des prêtres européens.

Qu’on fasse disparaître certains abus dans l’éducation des prêtres indigènes ; surtout qu’on les rende nombreux et qu’on les entoure, devant leurs compatriotes, de l’estime et de la considération qu’un prêtre doit avoir, et on verra que le caractère souple, persévérant, instinctivement opiniâtre du Chinois, possède des ressources qui n’existent peut-être pas chez les Européens.


Incapacité administrative.

On reproche aussi aux prêtres chinois de ne pas savoir administrer les affaires. Une pareille assertion est vraiment étonnante ; pour le commerce, l’agriculture et plusieurs autres arts, les Chinois laissent les Européens loin derrière eux. Ils sont capables d’administrer de grands établissements et de grandes sociétés. Ils sont mandarins civils et militaires, gouvernent des districts, des arrondissements et des provinces, commandent des armées ; enfin, sont capables des fonctions qui exigent le plus d’habileté pour le