Page:Joseph Gabet - Etat des missions de chine.djvu/56

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le décret de Clément XII, 16 avril 1736 ; plusieurs constitutions de Benoît XIV ; la lettre encyclique de Pie VI, 10 mai 1775 ; et enfin un grand nombre de décrets relatifs à la même question, rendus par notre saint Père Grégoire XVI, et promulgués par cette sacré Congrégation.

Et néanmoins, malgré tant de peines et de sollicitudes, les succès que le Saint-Siège avait droit de se promettre n’ont point répondu à son attente, ainsi que l’atteste une triste expérience. On ne doit pas, il est vrai, passer sous silence le zèle et l’assiduité avec lesquels un grand nombre d’évêques et de vicaires apostoliques, bien dignes de toute sorte de louanges, travaillent spécialement en Chine et dans les royaumes voisins, si fructueusement à l’institution d’un clergé indigène. Et nous ne devons pas cesser de répéter, et même avec la plus grande joie, que la foi catholique a jeté dans ces pays des racines si profondes et si étendues, qu’elle y présente tout à fait l’aspect d’une religion indigène, florissant depuis une longue succession d’âges, et demeurant inébranlable, sans que les persécutions des païens, les plus longues et les plus acharnées, aient jamais pu amener sa ruine.

Cependant nous avons en même temps présents à la pensée ces peuples infortunés qui, des extrémités de la terre, semblent tendre leurs mains suppliantes vers la chaire de saint Pierre ; eux au milieu desquels la vigne du seigneur plantée autrefois au prix de soins immenses, se trouve maintenant, par la pénurie d’ouvriers, occasionnée par la négligence à y former un clergé indigène, dans un état d’aridité et de souffrance qui lui laisse à peine l’aspect d’une chrétienté naissante, produisant de loin en loin quelque germe nouveau. Ajoutons encore que par l’effet heureux des événements que la miséricorde du Seigneur a fait naître de nos jours, on a vu s’évanouir tout à fait, ou du moins diminuer sensiblement les obstacles qui empêchaient la religion catholique de se répandre, et de se constituer en plusieurs endroits sous une forme plus canonique. De cette sorte on se sent comme appelé à hâter l’oeuvre salutaire par ces paroles évangéliques « Élevez vos yeux, et voyez les contrées, parce qu’elles sont déjà toutes blanches pour la moisson. » Jean, chap. 4, v. 25.