Page:Joseph Gabet - Etat des missions de chine.djvu/7

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Raison tout à fait illusoire. D’abord, ces nations n’en sont point venues au degré de corruption auquel étaient descendues les nations européennes, lorsque les apôtres leur apparurent pour leur annoncer l’Évangile. Et si la puissance de la loi de grâce a été assez grande pour triompher de la corruption européenne, pourquoi le serait-elle moins pour opérer le même effet en Asie ?

De plus, l’Évangile est justement le remède apporté par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour guérir la nature humaine de ses vies et la tirer de ses ténèbres ; plus la corruption et l’aveuglement seront profonds, plus le triomphe de l’Évangile sera éclatant. La corruption des peuples asiatiques, du moins en Chine, en Tartarie et dans le Thibet, n’a point encore, avons-nous dit, atteint le degré de la corruption européenne à l’époque de la prédication évangélique ; car chez ces peuples du moins la morale publique est pure, la religion ne consacre aucun crime, ni aucun vice, tandis qu’en Europe, au siècle dont nous parlons la religion même consacrait les vices les plus monstrueux, tels que les prostitutions dans certains temples, et à certaines solennités, les sacrifices humains et mille autres abominations.


Sagesse de ces nations.

On trouve des hommes d’un sentiment bien opposé à celui dont il vient d’être fait mention, qui disent que les nations asiatiques sont trop sages et trop éclairées, et que pour cette raison elles ne sont point frappées de la sagesse des lois évangéliques.

Il n’est pas besoin d’une longue discussion pour faire voir le faible de ce prétexte. D’abord une pareille excuse est une injure faite à la doctrine de Jésus-Christ, qui est la manifestation de la sagesse divine la plus haute et la plus pure que puisse comporter la nature humaine ; et ce qu’on allègue irait à dire que cette lumière divine, craignant la concurrence d’une sagesse purement humaine, ne peut faire d’impression que sur des âmes grossières et ignorantes. Il est clair, pour quiconque voudra y réfléchir, que cette sagesse et ces lumières des peuples de l’Asie, à quelque degré qu’elles se rencontrent, loin d’être des obstacles à l’Évangile, sont, au