Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

imperfection, et il n’aurait jamais paru, si l'L, le Président de Saron n’en avait fait imprimer, à mon insu, la première Partie[1].

Je vous remercie des deux Mémoires que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer. Je les ai lus avec le plaisir que me causent toujours vos belles productions, et j’ai été charmé de voir l’accord de vos résultats sur les inégalités séculaires des planètes avec ceux que j’avais trouvés par d’autres méthodes. Le Mémoire sur le mouvement des fluides ne m’a pas moins intéressé ; on ne peut rien ajouter à l’élégance et à la généralité de votre analyse. La théorie des ondes que vous donnez à la fin me paraît très belle ; je ne sais, cependant, si la supposition d’une profondeur infiniment petite du canal, dont vous faites usage et qui rend la solution du problème fort simple, peut être employée dans la théorie des ondes lorsque le canal a une profondeur quelconque. Vous croyez que, l’adhérence des parties fluides empêchantle mouvementde se communiquer à une profondeur sensible, on peut, dans tous les cas, regarder le canal comme très peu profond ; mais l’expérience parait contraire à cette supposition, en ce que la vitesse des ondes n’est pas constante, quelle que soit la manière dont elles ont été produites. Les académiciens de Florence l’avaient déjà remarqué, et je l’ai observé moi-même plusieurs fois. C’est la raison pour laquelle, dans les recherches que j’ai données sur la théorie des ondes, j’ai supposé la profondeur du fluide quelconque, et, dans ce cas, il est hors de doute que la vitesse des ondes dépend de leur formation ; mais le problème devient alors très compliqué.

  1. On lit, dans l’Introduction, p. xix: « J’aurais entièrement renoncé à ce travail sans le désir qu’un magistrat, également distingué par son rang, par sa naissance et par ses lumières,m’a témoigné plusieurs fois de voir les propriétés des mouvements elliptiques et paraboliques déduites de la seule considération des équations différentielles du second ordre qui déterminent à chaque instant le mouvement des corps célestes autour du Soleil. C’est uniquement dans la vue de satisfaire un amateur aussi éclairé des sciences et, en particulier, de l’Astronomie que j’ai composé le Traité suivant. Il l’a fait imprimer dans la persuasion qu’il pourrait intéresser les géomètres et les astronomes ; je désire qu’ils accueillent avec la même indulgence cet Ouvrage qui, sans la circonstance dont je viens de parler, n’aurait jamais vu le jour. »

    Jean-Baptiste-Gaspard de Saron, premier président au Parlement de Paris, membre honoraire de l’Académie des Sciences, né à Paris en 1730, mort sur l’échafaud ; le 10 avril 1794.