Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/206

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vous en particulier, avez bien voulu honorer mon essai sur les ébranlements dans un milieu élastique ; l’honneur de ces profondes recherches est uniquement dû à votre sagacité, et je n’y ai rien fait que profiter des lumières que votre excellent Mémoire m’a fournies. Vous y avez ouvert une carrière tout à fait nouvelle, où tous les géomètres qui viendront après nous trouveront toujours abondamment de quoi occuper leur adresse, et, à mesure qu’ils y réussiront, l’Analyse en acquerra des accroissements très considérables. Or la matière même est sans doute la plus importante dans la Physique non seulement tous les phénomènes de la propagation du son en dépendent, mais je suis assuré que la propagation de la lumière suit les mêmes lois. On n’a qu’à substituer l’éther au lieu de l’air, et les ébranlements qui y sont répandus nous donneront la propagation de la lumière. Maintenant il serait à souhaiter qu’on pût déterminer les altérations que les ébranlements excités dans un milieu souffrent lorsqu’ils passent dans un autre milieu dont la densité et l’élasticité sont différentes. Je ne sais pas si l’on peut espérer la solution de ce problème, mais je suis convaincu qu’on y découvrirait infailliblement non seulement les véritables lois de la réfraction, mais aussi la plus complète explication de la réflexion dont la réfraction est toujours accompagnée on verrait qu’il est impossible que les rayons passent d’un milieu dans un autre, sans qu’une partie rebrousse chemin. Peut-être que cette considération pourrait faciliter le développement de l’analyse et fournir au moins quelques solutions particulières ; mais on rencontrera ici une nouvelle difficulté. Comme il faut estimer tant la densité que l’élasticité des autres milieux transparents, comme par exemple du verre, la densité, étant si grande par rapport à celle de l’éther sans qu’on puisse supposer plus grande son élasticité que la vitesse des rayons dans le verre, deviendrait extrêmement petite ; cependant je crois que la réfraction même prouve suffisamment que la vitesse des rayons dans le verre à celle dans l’éther doit être dans la raison de à Si les pores du verre sont remplis d’un éther pur par lequel se ferait la propagation, il semble que la matière du verre n’y contribuerait en rien, ce qui est pourtant faux. De là je voudrais bien conclure qu’il faut