Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/207

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tenir compte des particules du verre même, mais d’une manière tout à fait différente de celle dont nous concevons la propagation des ébranlements par l’air, où nous supposons les moindres particules parfaitement liquides. Or il doit y avoir une différence très essentielle entre les particules fluides et solides dont le milieu est composé par les particules fluides, les impressions ne sont transmises que successivement, pendant qu’une particule solide, étant frappée par un bout, transmet le coup quasi dans un instant à l’autre bout ; et je crois que c’est la raison pourquoi les rayons de lumière traversent le verre avec une si prodigieuse vitesse, que si la densité était des milliers de fois plus petite qu’elle n’est effectivement. Cette pensée me semble conduire à l’explication de cet étrange phénomène, que la vitesse du son par l’air est plus grande que le calcul nous l’indique. Tous les efforts que vous avez faits pour déterminer la propagation des ébranlements finis prouveront incontestablement qu’aucune accélération n’en saurait résulter, comme je l’avais soupçonné. Il faut donc que cette accélération actuelle que l’expérience nous découvre dans la propagation du son provienne d’une autre cause. Ne pourrait-on donc dire que l’air n’est pas un milieu parfaitement liquide dans ses moindres particules, mais qu’il renferme des particules solides ou rigides qui, étant frappées d’un côté, communiquent l’impulsion dans un instant à l’autre côté, et que la propagation successive, sur laquelle est fondé le calcul, n’a pas lieu dans ces particules solides ? Je crois que cette explication pourrait être vérifiée par quantité d’expériences, où le son est transmis par d’autres corps que l’air. Nous savons que le son pénètre par tous les corps, pourvu qu’ils ne soient pas trop épais. On entend parler à travers des murailles, et l’on ne saurait dire que la communication se fasse par les particules d’air renfermées dans les pores de la muraille ; la propagation du son se fait plutôt par la substance de la muraille. Et il me semble que tous les corps sont, par rapport au son, la même chose que les corps transparents par rapport à la lumière ; et comme tous les corps, si sont assez minces, sont transparents, et que réciproquement les corps transparents, si sont trop épais, perdent la