Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/272

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de votre part un exemplaire à M. Bernoulli, et j’en ai présenté un autre à notre Académie, laquelle m’a chargé de vous en témoigner sa reconnaissance[1]. Je suis, de mon côté, infiniment sensible à l’honneur que vous m’avez fait de m’adresser un Ouvrage si important et dont je sens tout le prix, quoiqu’il roule sur des matières qui me sont presque étrangères, n’ayant jamais eu, jusqu’ici, occasion de m’en occuper sérieusement. Je trouve vos réflexions très judicieuses, et je vous exhorte à profiter autant qu’il vous est possible des circonstances favorables où vous êtes pour cultiver une science si nécessaire et si imparfaite encore, malgré les travaux de ceux qui vous ont précédé. J’ai la collection de nos auteurs italiens, imprimée à Parme, et je l’ai parcourue il y a quelque temps pour me mettre au fait de ce qu’on sait ou qu’on croit savoir dans la théorie des fleuves ; mais je dois vous avouer que, à l’exception de quelques principes généraux dont l’application a rarement lieu, je n’y ai trouvé que des raisonnements et des expériences trop vagues encore pour pouvoir servir de fondement à une théorie rigoureuse et géométrique. Il en est, jusqu’ici, de cette science comme de la Médecine pratique, laquelle, malgré son extrême importance et malgré les belles découvertes qui ont été faites dans l’Anatomie, la Chimie, l’Histoire naturelle, etc., n’est guère plus avancée que du temps d’Hippocrate, si même elle ne l’est pas moins. J’ai lu, il y a un an, un petit Ouvrage allemand dont j’ai oublié le titre dans lequel on a rassemblé les résultats des recherches des principaux auteurs d’Hydraulique ; si la langue dans laquelle il est écrit ne vous empêche pas de pouvoir le lire, je vous en enverrai un exemplaire à la première occasion que je pourrai avoir ; et, si vous souhaitez quelque autre chose de ce pays, je vous prie de ne pas m’épargner ; je vous demande même, comme la grâce la plus flatteuse, de me procurer des occasions de vous servir.

Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai eu l’honneur de vous mander touchant l’intégration des équations que vous m’aviez proposées ; il me

  1. Il s’agit, comme on le voit quelques lignes plus bas, de l’Ouvrage de Lorgna intitulé : Memorie intorno all’acqui correnti ; Vérone, 1777, in-4o.