Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/30

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vous envoie ici des lettres pour eux, auxquelles je prends encore la liberté d’en joindre une de M. Bernoulli pour M. de Lalande. M. de Vandermonde me paraît un très grand analyste, et j’ai été très enchanté de son travail sur les équations. Ce que vous me dites de son caractère augmente beaucoup encore mon estime pour lui, et le désir que j’ai de mériter la sienne. Pour de Marguerie, il paraît avoir hérité également du génie et du caractère de feu notre ami Fontaine ; il vaudrait peut-être mieux qu’il se contentât du premier, mais peut-être que l’un tient nécessairement à l’autre. Au reste, ses travaux annoncent un talent et un courage capables de venir à bout des plus grandes difficultés. Je désirerais seulement qu’il ne négligeât pas de se mettre au fait des travaux de ses prédécesseurs, pour ne pas risquer de donner pour nouvelles des méthodes déjà connues, comme il me semble qu’il a fait dans son Mémoire sur les séries[1].

J’ai lu avec la plus grande satisfaction vos recherches sur les équations séculaires[2] ; votre analyse des méthodes connues d’approximation m’a beaucoup plu et ne laisse, ce me semble, rien à désirer pour cette matière ; mais l’application aux cas particuliers, tels que celui de la Lune, pourrait encore renfermer bien des difficultés ; et je suis presque convaincu qu’à moins que l’on ne trouve un terme tout constant dans l’expression de la force perpendiculaire au rayon, on ne pourra jamais prononcer sur l’existence de l’équation séculaire de cette planète, au moins d’après la théorie. Vous distinguez avec raison les cas où et celui où n’est pas zéro, et vous observez très bien que, dans le premier cas, nos méthodes donnent toujours la même valeur de quelque loin qu’on pousse l’approximation c’est pourquoi ces méthodes donneront toujours des arcs de cercle, quoiqu’il ne doive point y en avoir dans le cas de l’équation que vous avez examinée ; c’est pour remédier à cet inconvénient, qui s’est d’abord présenté à moi lorsque je

  1. Voir ce Mémoire dans l’Ouvrage cité plus haut, p. 142.
  2. Le travail dont Lagrangeparle ici est intitulé : Mémoires sur la résolution des équations, et occupe les pages 365 à 416 du Volume de l’année 1771 des Mémoires de l'Académie des sciences, qui parut en 1774.