Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus agréable, que je craignais que les circonstances de votre pays, en influant sur votre sort, ne vous eussent détourné de vos intéressantes recherches sur l’Arithmétique et sur la théorie des planètes.

Vos Disquisitiones vous ont mis tout de suite au rang des premiers géomètres, et je regarde la dernière section comme contenant la plus belle découverte analytique qui ait été faite depuis longtemps. Votre travail sur les planètes aura de plus le mérite de l’importance de son objet ; et, si vous n’aviez point de répugnance à le publier dans ce pays, il ne serait pas difficile de vous en fournir les moyens. J’ai lu au Bureau des Longitudes et à l’Institut les articles de votre lettre qui contiennentles éléments de la nouvelle planète et vos deux théorèmes arithmétiques. Un de nos astronomes s’est chargé de vous communiquer les observations faites ici, et les résultats qu’on en a déduits, qui diffèrent peu des vôtres. Quant aux théorèmes d’Arithmétique, je ne puis vous en rien dire, si ce n’est qu’ils me paraissent aussi beaux que difficiles à démontrer. J’ai depuis longtemps abandonné ces sortes de recherches, mais elles ont conservé beaucoup d’attrait pour moi, et je me contente maintenant de jouir sur cette matière, comme sur plusieurs autres, du fruit des veilles d’autrui. C’est pourquoi je désirerais fort que vous pussiez faire paraître la seconde Partie de vos Disquisitiones que vous m’annoncez comme étant presque achevée, mais elle ne pourrait être imprimée ici qu’en français, pour faire suite à la première Partie dont on vient de donner une traduction sous le titre de Recherches arithmétiques. Recevez, Monsieur, les assurances des vifs sentiments d’estime, d’admiration et d’attachement que vous m’avez inspirés, et croyez que personne n’applaudit plus sincèrement que moi à vos succès.

Lagrange.


    L’incluse a été remise à son adresse.

    À Monsieur Charles Frédéric Gauss, à Brunsvic.

    no 67, jul. 17.

    Lagrange.

    Cette Note est écrite par Gauss. (E. Schering.)