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DISCOURS DE RÉCEPTION DE LAGRANGE
À L’ACADÉMIE DE BERLIN[1].

Le 6 novembre 1766 j’ai été installé à l’Académie, et j’y ai fait le compliment suivant :

Messieurs, je ne vous ferai point un discours en forme pour vous témoigner ma reconnaissance de l’honneur que je reçois. La fatigue du voyage et les occupations que j’ai eues depuis mon arrivée ne m’ont encore permis aucune sorte d’application ; et, d’ailleurs, il me semble qu’on n’est guères en droit d’exiger une pièce d’éloquence d’un géomètre qui s’est livré, dès son enfance, aux études les plus abstraites. Je me contenterai donc, Messieurs, de vous exprimer de la manière la plus simple et en même temps la plus vraie les sentiments dont je suis pénétré à la vue de vos bontés ; et je tâcherai de mériter ces bontés par mon attachement pour vous, et par mon zèle pour la gloire des Sciences et des Lettres que vous cultivez avec tant de succès. Sur ce point seul je me flatte de ne point céder à mon illustre prédécesseur. Puissé-je remplir en quelque façon le vide qu’il a laissé dans cette Académie et répondre aux intentions de notre grand monarque qui, au milieu de sa gloire, daigne s’intéresser à elle et l’honorer de sa protection ; et puissiez-vous, Messieurs, trouver en moi un confrère qui ne soit pas tout à fait indigne de votre estime et de votre amitié[2] !


fin du tome quatorzième et dernier.

  1. Mss. in-4o, t. V, f° 206.
  2. À la suite de ce discours, Lagrange a ajouté cette note : J’étais arrivé à Berlin le 27 octobre 1766, et j’en suis parti le 18 mai 1787.