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11.
LAGRANGE À CONDORCET.
À Berlin, ce ier octobre 1774[1].

Voici, mon cher et illustre Confrère, le Mémoire que je vous ai promis. Il a besoin de toute votre indulgence et de celle de vos. Confrères ; je vous prie de ne le présenter à l’Académie que lorsque vous et M. d’Alembert l’aurez examiné. Quoiqu’il m’ait coûté beaucoup de travail à cause des calculs numériques que j’ai été obligé d’entreprendre en faveur des astronomes, je suis bien éloigné d’y attacher le moindre prix ; et je m’en rapporte entièrement à votre jugement et à celui de notre illustre ami. J’adresse le paquet à M. de Maurepas, ainsi que vous me le marquez ; dès que vous l’aurez reçu, je vous serai infiniment obligé de m’en donner avis pour m'ôter toute inquiétude à son égard.

Vous avez dû recevoir deux ou trois de mes lettres ; j’ai reçu à mon tour tous vos paquets. Je vous remercie de tout mon cœur des feuilles que vous avez bien voulu m’envoyer ; tout ce qui me vient de vous m’est doublement précieux ; j’aime vos ouvrages, et comme ceux d’un des premiers savants du siècle, et comme ceux d’un de mes meilleurs amis. J’ai lu votre Histoire de l’Académie ainsi que l’éloge de Fontaine avec une satisfaction que je ne saurais vous exprimer ; votre manière me plaît infiniment, et je la préfère, à plusieurs égards, à celle de Fontenelle ; vous avez du moins sur lui l’avantage d’être bien versé dans les matières sur lesquelles vous raisonnez. J’ai trouvé souvent dans les articles de Géométrie et de Mécanique de Fontenelle un galimatias inintelligible à force de vouloir mettre les choses à la portée du commun, il devenait souvent obscur pour'les savants.

Vos Théorèmes sur les quadratures[2] m’ont donné lieu d’admirer de

  1. Ms. f° 30.
  2. Voir le Mémoire inséré dans le Volume de l’Académie de 1771 (publié en 1774) p. 693 à 704.