Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/49

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Si vous demandez un plus grand détail sur cette matière, je tacherai de vous satisfaire une autre fois, lorsque ma tête sera un peu meilleure. Je crois que votre pièce sur les comètes sera toujours très bien reçue des géomètres comme remplie d’excellentes recherches d’Analyse mais il me semble qu’elle serait plus propre pour un Mémoire d’Académie que pour un Traité particulier ; au reste, si vous ne la publiez pas avant le temps, on lui conservera les droits de concours, et je ne désespère pas de pouvoir lui faire rendre la justice qui lui est due.

Adieu, mon cher et illustre ami ; je vous demande pardon de vous avoir écrit une si longue lettre, et je vous prie d’être persuadé qu’on ne saurait rien ajouter aux vifs sentiments d’estime et d’amitié que je vous ai voués pour la vie. Je vous embrasse de tout mon cœur.

Lorsqu’on imprimera mes Mémoires je serais bien aise, si la chose est faisable, d’en avoir un exemplaire à part. Je vous prie de faire avertir l’imprimeur de ne pas prendre les etc. pour des a grecs, ainsi qu’il a fait souvent dans la pièce sur l’équation séculaire.

Je viens de lire le drame[1] fort édifiant du conclave dont vous aurez sûrement entendu parler ; en vérité, ne vous semble-t-il pas que ces gens se moquent de nous ? Mais, Dieu merci, nous leur rendons bien la pareille. Adieu iterum, vale et me ama.


  1. Je crois que ce drame est l’écrit dont le cardinal de Bernis, ambassadeur de France à Rome, parle dans une Lettre adressée au comte de Vergennes le 23 novembre 1775. C’était au moment du conclave qui, grâce à l’influence de la France, donna Pie VI pour successeur à Clément XIV. « Le fanati\sine de nos adversaires (le parti des Jésuites) s’est démontré non seulement par les inventions et les suppositions les plus absurdes répandues avec fureur dans tous les coins de l’Europe, mais par des satires infâmes renouvelées chaque jour et par une comédie en trois actes, intitulée le Conclave, où l’élection du vicaire de Jésus-Christ est tournée en ridicule et où dix-huit cardinaux, ainsi que les Ministres des Cours, sont cruellement offensés. Pendant les trois jours que j’ai eu l’honneur d’être à la tête des chefs d’ordre, j’ai fait brûler toutes ces infamies en place publique par la main du bourreau, et arrêter quelques écrivains et copistes soupçonnés d’avoir eu part à ces scandaleuses calomnies. » (Voir Histoire des souverains pontifes, par Artaud de Montor, t. VIII, p. 95 ; 1847.)