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J’ai l’honneur d’être, avec la plus parfaite considération, Monsieur,
                Votre très humble et très respectueux serviteur,
De la Grange.
À Monsieur de Laplace,
Professeur de Mathématiques à l’École royale militaire (fides),
à Paris
.

2.
LAGRANGE À LAPLACE.
À Berlin, 13 janvier 1775.

Je suis bien honteux, Monsieur et très illustre Confrère, d’avoir gardé avec vous un si long silence ; je vous prie de vouloir bien en recevoir mes très humbles excuses, et d’être persuadé que, pour vous écrire rarement, je ne vous conserve pas moins inviolablement les vifs sentiments d’estime et d’amitié que je vous ai voués. Votre Mémoire sur la probabilité des causes par les événements[1] m’a beaucoup plu ; je suis assuré qu’il ne peut manquer d’obtenir le suffrage de tous les géomètres, non seulement par la nouveauté de la matière, mais surtout par la dextérité singulière avec laquelle vous maniez ce genre d’Analyse.

Les remarques que vous faites sur l’aberration de la théorie ordinaire, lorsqu’on veut tenir compte de l’inégale possibilité des événements qu’on regarde communément comme également probables, m’ont paru aussi justes qu’ingénieuses ; c’est une nouvelle branche très importante que vous ajoutez à la théorie des hasards, et qui était nécessaire pour mettre cette théorie à l’abri de toute atteinte ; on voit par là que les conclusions que la théorie ordinaire donne ne peuvent être

  1. Publié dans le Tome VI p. 621. du Recueil des Savants étrangers.