Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/260

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Le pape, souverain d’Avignon, fondateur et protecteur de l’Université, est, à ce double titre, le juge suprême qu’elle puisse invoquer. L’Université a pleine confiance dans la bienveillance et dans la justice du Saint-Père, mais elle se défie des Congrégations, auxquelles il remet, trop souvent à son gré, le soin de régler les litiges qui l’intéressent. Ces Congrégations connaissent peu et respectent moins encore les hauts privilèges et la séculaire indépendance de l’Université ; elles « brèchent » volontiers à ses droits. Aussi leurs décisions sont-elles rarement acceptées comme définitives ; les appels se multiplient et « les affaires de Rome » se prolongent sans mesure, car, si l’Université est tenace, les Congrégations n’ont jamais hâte d’en finir et le pape ajourne volontiers ses décisions.

C’est ainsi qu’on voit durer pendant près d’un siècle la question des collèges pontificaux soulevée dès 1621. Successivement la Propagande s’empare de l’administration de ces collèges[1], y réduit à néant le contrôle du primicier et celui du Collège des docteurs, ouvre leurs portes aux Missionnaires ou Pères de la Foi et, en dépit des dispositions formelles des actes de fondation, prétend réserver toutes les places de collégiats à des candidats au sacerdoce, proscrire l’étude du droit civil[2], enfin envoyer les collégiés étudier non à l’Université, mais chez les Jésuites[3]. En vain l’Université envoie

  1. V. ci-dessus, livre II, ch. IV. Délib. du Collège des docteurs du 2 mars 1621. A. V. D 29, fo 72. Bulle d’Urbain VIII de juin 1639. M. C. 2445.
  2. En 1645. Délibération du Collège des docteurs du 7 juillet. A. V. D 29, fo 236.
  3. Une première tentative dans ce sens avait été faite en 1649, mais n’avait que partiellement abouti. Les écoliers du collège du Roure pouvaient aller à l’Université suivre les cours de droit ; ceux du grand collège (Saint-Nicolas) devaient suivre chez les Jésuites les cours de théologie et de philosophie, qu’on ne trouvait pas à l’Université. Délib. du Collège des docteurs du 27 mai 1649. A. V. D 30, fo 8. — Le rescrit du 5 nov. 1703 qui règle les études dans les deux