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à Rome protestation sur protestation, ambassades sur ambassades, documents sur documents[1]. Peine perdue. Sans que jamais une décision formelle intervienne, les empiétements de la Propagande continuent ; l’édit qui réunit les deux Collèges du Roure et de Saint-Nicolas porte le coup de grâce à l’autorité du Primicier, et c’est à peine si l’on refuse aux nouveaux recteurs de ces établissements la faculté qu’ils avaient l’audace de solliciter, de conférer les grades universitaires à leurs élèves et à ceux des Jésuites[2].

Les docteurs sont plus heureux quand ils combattent, en 1735, la prétention émise par le prévôt de la métropole, accidentellement revêtu de la dignité épiscopale, de siéger à l’Hôtel de Ville, avant le primicier[3], quand ils s’élèvent, en 1739, contre le projet caressé par les avocats de former une

    collèges, prescrit aux écoliers de suivre les classes des Jésuites, propter vicinitatem. Les Dominicains protestent. Treize écoliers des collèges présentent, à leur tour, au primicier un mémorial, où ils exposent le tort que cette mesure doit leur porter, en les retranchant presque de l’Université. Ils ne pourront être gradués et par suite ne pourront prétendre aux bénéfices de France. Il leur sera impossible de suivre les cours du droit canon, qui s’enseigne à l’Université, aux mêmes heures que la philosophie et la théologie chez les Jésuites ; une étude ne saurait d’ailleurs être profitable que si elle est librement embrassée par les écoliers, sous des maîtres de leur choix, qu’ils jugent les plus sages. Or, les doctrines de Saint-Thomas d’Aquin, qu’on enseigne à l’Université, attirent invinciblement les étudiants. Au surplus, comme le prouvent les programmes, on apprend plus de choses à l’Université que chez les Jésuites. Ce mémoire présenté par le primicier à la Congrégation est retourné par elle au vice-légat, qui le communique au Collège des docteurs. Celui-ci l’appuie de toutes ses forces. A. V. D 32, fos 190 et 202 (délib. des 9 mars 1706 et 18 mars 1707).

  1. L’affaire est encore pendante en 1708, époque à laquelle le Collège des docteurs nomme de nouveaux députés pour la suivre et emprunte pour couvrir les frais de l’instance (délib. des 29 fév., 9 juill. et 3 oct. 1708. A. V. D 32, fos 235, 246, 251). Elle ne fut jamais définitivement résolue.
  2. A. V. D 32, fo 250 (sept. 1708).
  3. V. plus haut, livre I, ch. III, p. 72, note 3. L’affaire dura trois ans (1735-1738.) Voir le récit de la séance solennelle du corps municipal, où le primicier fut solennellement réinstallé dans le fauteuil et à la place qui lui avaient été si longtemps et si âprement disputés. A. V. D 33, fos 280, 310 et 334.