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LE PETIT BLEU


tau, à Bruxelles. D’Orval continua à voir Schwarzkoppen ; Du Paty fut le parrain de l’un de ses enfants ; officier de l’armée territoriale, il voulut assister en tenue à la dégradation de Dreyfus ; Du Paty lui prêta son sabre[1]. Or, c’était sur les indications de Du Paty qu’Henry avait dénoncé d’Orval à la Sûreté[2]. Picquart, sur l’ordre de Boisdeffre, mit un agent à ses trousses. Du Paty, qui portait dans cette affaire la même passion aveugle que dans l’affaire Dreyfus, signala que d’Orval se rendait à Moscou, au couronnement du Tsar ; l’agent l’y suivit et se tint en rapports constants avec Pauffin, l’officier d’ordonnance de Boisdeffre[3]. La surveillance ne donna rien[4].

Cependant Picquart continuait à croire au crime de Dreyfus.

  1. Récit de d’Orval.
  2. Aff. Picquart devant la Cour de cass., 279 ; Rennes, I, 371, Picquart. — Zurlinden prévint Mercier de s’abstenir d’aller dîner chez d’Orval (Rennes, I, 105, Mercier). — Gribelin convient que d’Orval fut surveillé avant l’arrivée de Picquart au bureau (Instr. Tavernier, 18 oct. 1898). Le rapport d’Henry à la Sûreté générale est du mois de mars 1895 ; Sandherr était encore chef du service.
  3. Rennes, III, 361, Tomps.
  4. Rennes, I, 371, Picquart. — Mercier et Roget savaient que Du Paty avait été le dénonciateur de son cousin et que Picquart s’était simplement conformé aux ordres du ministre et de Boisdeffre. Cela ne les empêcha pas de dire à Rennes (I, 105, 300, 807) que Picquart avait fait des enquêtes secrètes sur d’Orval (que Mercier, dans son compte rendu revisé, orthographie Dorval), sur le capitaine Dervieux et sur Donin de Rozières, pour substituer éventuellement à Dreyfus l’un ou l’autre de ces officiers dont le nom commençait par un D. L’initiale ne s’applique pas à Hecquet d’Orval ; et ni Dervieux ni Donin de Rozières ne furent l’objet d’aucune surveillance de Picquart. (Rennes, I, 371, Picquart.) L’accusation relative à Donin de Rozières fut formulée pour la première fois, le 14 septembre 1898, dans une note du ministère de la Guerre au ministère


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