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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

ils n’auront garde d’interroger Picquart[1]. Mais ils saisissent, avec joie, cette occasion de l’humilier, de le discréditer devant ses propres officiers et devant Billot.

Le lendemain matin[2], comme Picquart causait avec Henry[3], Gonse entra brusquement dans son cabinet et lui demanda le dossier secret[4]. Il n’allégua aucune raison particulière. Picquart, soigneux autant que docile, lui proposa de faire le récolement des pièces. Gonse s’y refusa, paraissant très pressé[5]. Cela lui permettra de dire par la suite que « le dossier était en désordre[6] ».

Leblois, qui avait quitté Paris le 5 août, n’y rentra

  1. Rennes, I, 451, Picquart.
  2. 30 octobre 1896. — « Dans les derniers jours d’octobre », dit Picquart (Cass., I, 172). — Gonse, à l’instruction Fabre (37), et dans sa lettre à Mazeau (Cass., II, 354), dit qu’il n’a repris le dossier secret qu’entre le 12 et le 14 novembre, au moment où Picquart lui remit le service. Il oublie : 1° qu’au Conseil d’enquête du 1er février, il a dit « qu’il se fit remettre le dossier pour éviter le retour des indiscrétions, des communications aux journaux » (Cass., II, 156) ; 2° qu’au procès Zola, il a commencé par confirmer le récit d’Henry : « Je crois que, deux ou trois jours après, le général a dû reprendre le dossier et se le faire donner. » (I, 359.) Sans doute, un peu plus loin (I, 377), Gonse, selon sa méthode, essaye d’embrouiller les dates : il a repris le dossier « quelques jours après sa conversation avec Henry » et « trois ou quatre jours avant le départ de Picquart». Mais cet intervalle est trop long, puisque Picquart est certain que la reprise du dossier est antérieure au faux Henry, du 1er novembre, et qu’il n’a quitté Paris que le 16. D’ailleurs, au conseil d’enquête du 1er février, Henry dit nettement que le dossier fut repris par Gonse le lendemain de leur conversation (Cass., II, 156).
  3. Henry dit qu’il n’assista pas à la remise du dossier (Cass. II, 156). Picquart affirme qu’Henry était présent (Instr. Fabre, 87).
  4. Instr. Fabre, 87 ; Cass., I, 172, Picquart.
  5. Instr. Fabre, 87, 88, Picquart.
  6. Procès Zola, I, 359, 360, Gonse. — Picquart (dans sa lettre du 13 avril 1899) croit que Gonse reprit le dossier, parce