Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
418
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

il précisait à la fois les raisons qui avaient causé l’alarme du trop sensible méridional et celles qui faisaient que le Borusse restait calme[1]. Mais ces deux faux, dont nous ne connaissons qu’un résumé, Henry attendra quelque temps pour les produire.

Quant aux lettres originales qui lui avaient servi pour sa fabrication de pièces patriotiques, il les détruisit[2].

VIII

Le lendemain, 2 novembre[3], Henry, au rapport du matin, porta à Gonse la fausse lettre de Panizzardi au sujet de l’interpellation Castelin. Il en apporta également l’enveloppe. Voilà ce qu’il venait de trouver dans le cornet de la femme Bastian[4].

  1. Chambre des Députés, séance du 7 juillet 1898, Cavaignac : « L’authenticité morale (du faux Henry) résulte d’une façon indiscutable de ce qu’il a fait partie d’un échange de correspondances qui eut lieu en 1896. La première lettre est celle que je viens de lire. Une réponse contient deux mots qui tendent évidemment à rassurer l’auteur de la première lettre. Une troisième lettre enfin qui dissipe bien des obscurités indique avec une précision absolue, avec une précision telle que je ne puis pas en lire un mot, la raison même pour laquelle les correspondants s’inquiétaient ainsi ; la culpabilité de Dreyfus n’est pas établie seulement par le jugement qui l’a condamné, elle est encore établie par une pièce postérieure de deux années, s’encadrant naturellement à sa place, dans une longue correspondance dont l’authenticité n’est pas discutable ; elle est établie par cette pièce d’une façon irréfutable. »
  2. Revision, procès-verbal, 103 : « Vous avez supprimé la lettre ? — Henry : Oui. »
  3. C’est la date que donne Gonse (Cass., I, 251).
  4. Cass., I, 253, Gonse ; 263, Boisdeffre.