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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


échéant, à avertir le Gouvernement[1] (celui-ci ou un autre, car il escomptait toujours la chute de Méline et de Billot), et « à faire tout ce qu’il jugerait nécessaire pour le soustraire aux machinations dont il se sentait entouré[2] ». Défense formelle, d’autre part, d’aviser le frère ou l’avocat de Dreyfus ; toute démarche qui n’aurait pas pour objet direct d’informer le Gouvernement, toute indiscrétion serait « un abus de confiance à son égard[3] ». Il lui laissa en dépôt les lettres de Gonse[4], la plus précieuse et la plus solide de ses sauvegardes, et repartit pour Sousse, où il attendra la volonté d’Allah.

XII

La situation de Leblois, laissé à lui-même, n’était pas aisée. Picquart ne lui en a pas dit assez pour le faire

    c’est en cette qualité que j’ai agi et le fait ne saurait être contesté, car il est établi par une décision du conseil de l’Ordre, passée en force de chose jugée, et qui a été prise à la suite d’une longue enquête, dont une partie a été faite au ministère de la Guerre. » — C’est comme avocat de Picquart, ayant manqué au secret professionnel, que Leblois fut suspendu pour six mois par le conseil de l’Ordre. (Délibération du 22 mars 1898.)

  1. Cass., I, 197 ; Rennes, I, 460, Picquart.
  2. Instr. Fabre, 82, 193, Picquart : « Si je n’avais pas pris ces précautions, ces machinations n’auraient pas avorté en partie, comme c’est le cas. »
  3. Rennes, I, 460, Picquart.
  4. Procès Zola, I, 290 ; Instr. Fabre, 82, 83, 192 ; Rennes, I, 460, Picquart. — Il précise qu’il ne remit pas à Leblois les lettres qui s’appliquaient à la première partie de sa mission et qui furent, en effet, saisies chez lui. — De même Leblois (198).